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Yardi Kube
Les espaces de coworking sont le terrain d’expérimentation idéal pour les monnaies alternatives. Monnaie digitale, bitcoins, banque de temps, monnaies locales, il existe suffisamment de monnaie alternatives pour choisir la plus appropriée pour sa communauté. Mais quel genre d’économie les espaces de coworking voudront-ils créer ? Quels comportements seront favorisés et quels systèmes utiliser ? A quand une monnaie globale du coworking ?
By Rémy Cagnol - août 01, 2013

Les espaces de coworking pourraient se servir de monnaies alternatives pour encourager l’échange de connaissance et l’entraide à l’intérieur d’une communauté. Et pour cela, pas besoin d’être un expert en économie. En France, l’espace la Matrice a créé sa propre monnaie. Au HUB Brussels, l’expérience du Xchangehub proposait à ses membres une véritable place de marché en ligne, basée sur le temps et la réputation. Mais les espaces de coworking peuvent aussi ne pas se limiter au local et faire partie d’un mouvement plus global. L’une des pistes serait alors d’accepter des monnaies P2P, telles Bitcoin, comme le font déjà de nombreux espaces tels que LAUNCH/CO à Berlin. Chaque monnaie et chaque système possède ses propres objectifs, reste à savoir s'ils peuvent servir le coworking.

La monnaie comme indicateur de capital social

Leander Bindewald est expert en monnaies complémentaires et en charge du projet européen CCIA (community currency in action).  En 2009, il  avait co-crée Xchange hub, une plateforme implémentée pour le HUB Brussels, servant de prototype pour une possible utilisation dans le réseau global du HUB. « Nous voulions un système permettant d’échanger des choses intangibles comme des connaissances, des services ou du capital social, sans que le système ne soit transposable en euros », déclare Leander Bindewald. Le Xchange hub inclut ainsi deux fonctionnalités. La première est une place de marché où les membres de l'espace pouvaient offrir ou demander toutes sortes de services, principalement pour aider les autres coworkers dans leurs projets. La seconde fonctionnalité offrait un système d’échanges propre au HUB Brussels utilisant les « hubees », basés sur le temps, et le « honey », basé sur la réputation.  

Le système marchait plutôt bien, enregistrant 100 utilisateurs sur les 200 membres de l’espace, mais il y avait toujours quelques questions en suspens.  Ainsi, la banque de temps utilisant les « hubees » a dû être interrompue, à cause du système de taxation belge qui n'était pas favorable. Le « honey » basé sur la réputation quant à lui, a été conservé. Celui-ci n'est pas un moyen de paiement et va en fait plus loin que l'approche P2P. C'est d'abord un moyen de récompenser les contributions de manière transparente. De plus, le Hub Brussels encourageait les membres à s'impliquer dans l'organisation et la vie de l'espace au travers du système de réputation, en proposant des tâches à accomplir. Selon Leander Bindwald, cette monnaie s'adaptait d'ailleurs très bien à la personnalité de l'espace qui se voulait un lieu alternatif et de socialisation.

Il est a noté que la plupart des gens se seraient certainement entraidés naturellement et de manière informelle, avant même cette expérience. Mais cet indicateur permet simplement de rendre les échanges visibles, plus facile à suivre et à étudier. Il était d'ailleurs très important pour le HUB de montrer ce qu'il se passait à l'intérieur de l'espace et essayer de réaliser des cartographies autour du capital social.

Qui seraient les nouveaux « riches » ?

Bien sûr, il est possible d'être « riche» ou « pauvre » en réputation, mais dans ce système-là, la responsabilité incomberait pleinement aux membres. De plus, ce système active de nouvelles valeurs dans la mesure où tous les membres peuvent contribuer, même s'il n’y a pas d'argent pour les payer.

Comme dans tous systèmes, il est possible de tricher. « Ce qui est d'ailleurs l'argument ultime des personnes attaquant les monnaies complémentaires », souligne Leander Bindewald. Comment l'empêcher ou comment le prévenir ? En fait, selon ce dernier, la plupart des experts en monnaies complémentaires ne rapportent pas de cas d’abus. Pour la simple et bonne raison que ces systèmes ne sont pas globaux et ont une portée qui se limite à leurs communautés. De plus, les membres se connaissent et se voient quotidiennement, ce qui limite tout abus. Enfin, dans le cas d'un système basé sur la réputation, il n'est pas possible d'échanger sa réputation, son capital social voire même de les monétiser.  

Autre argument souvent évoqué contre les monnaies complémentaires, celui de la nécessité d’avoir des experts, des économistes. Leander Bindewald répond qu’il ne pense pas que nous ayons besoin de connaissances particulières en économie pour créer une monnaie: « En fait l'économie actuelle ne comprend pas vraiment les concepts de capital social, de monnaies sociales ou d'économie sociale. Elle ne connaît que le commerce, et n'a pour l'instant aucune réponse pour le reste. Pourtant l'économie sociale représente un spectre plus large que l'économie classique. Pour ces nouvelles monnaies, les experts à rencontrer seront plus des sociologues, des anthropologues, ou bien des facilitateurs, que des économistes ». En effet,  l’expérience le prouve, pas besoin d’être économiste pour créer son propre système d’échange. 

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